Hôpitaux : un trou abyssal de 5 à 7 milliards d'euros selon le scénario envisagé
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Selon le directeur de la Fédération hospitalière Santhea, Yves Smeets, les finances des hôpitaux vont basculer dans le rouge suite à la crise du covid-19. Il estime le « trou » à combler entre 5 et 7 milliards d’euros.
Interrogé par le SOIR, Yves Smeets, directeur de la Fédération hospitalière Santhea se montre très réaliste par rapport à la crise du coronavirus. Son impact sur les finances des hôpitaux sera énorme. Il estime en effet les pertes entre 5 et 7 milliards d’euros.
Modes de financement
Pour Yves Smeets, le souci découle aussi pour une bonne part dans le mode de financement des structures hospitalières. En effet, « environ 37 % des recettes proviennent du « budget des moyens financiers » dont le versement est garanti par l’Inami » rapport le soir tandis que l’autre grosse partie des recettes – 40 % environ – est liée aux actes prestés par les médecins. Dans la réalité, chaque acte médical est partagé entre l’hôpital et le médecin. Enfin, le solde est composé des marges réalisées sur les médicaments et sur la pose d’implants, les forfaits pour les hôpitaux de jour, etc. En arrêtant leur activité, les hôpitaux ont donc amputé de 60% leurs recettes et ce avec des coûts qui explosaient pour les traitement covid-19.
Un trou
Interrompue pour les actes considérés comme non essentiels, l’activité des hôpitaux a progressivement repris. Mais pas suffisamment. Interrogée par le Soir, Sylvianne Portugaels de la Citadelle à Liège indique que « depuis que l’activité a pu reprendre, nous sommes environ à 50 % de notre capacité. Actuellement, 350 personnes sont hospitalisées alors que l’hôpital est agréé pour 897 lits ». Il apparaît dès lors que sans intervention publique, le bilan des hôpitaux devrait passer dans le rouge ce qui est inquiétant puisqu’en 2019, 33 % des établissements étaient déjà dans cette situation ». Yves Smeets assure que ce sera 100% si rien n’est fait.
Un premier milliard
Le gouvernement fédéral a bien débloqué un milliard d’euros qu’il a partagé entre tous les hôpitaux, mais cette manne doit permettre de couvrir les surcoûts de la crise et une partie des salaires non perçus par les médecins. De surcroît, il ne s’agit techniquement que d’une avance et donc l’État pourrait à tout moment exiger cet argent en retour. Au final, le trou global auquel devront faire face les hôpitaux pourrait s’élever entre 5 et 7 milliards, selon le scénario le plus optimiste ou le plus pessimiste.