ALDEA GROUP : « Nous voulons nous concentrer davantage encore sur des projets inclusifs »
Publié le
Partager sur les réseaux sociaux
WALLONIE SANTÉ est partenaire du groupe Aldea qui possède pas moins de 12 résidences-services en Flandre et 7 en Wallonie. Sa CEO revient sur la collaboration avec notre institution et nous livre sa vision d'avenir du secteur.
Le groupe Aldea est spécialisé dans l'immobilier de soins diversifiés et dans l'exploitation d'établissements de soins sous le nom de Curavi. En particulier, Aldea construit et gère des appartements conçus et équipés pour les personnes à mobilité réduite, ainsi que des résidences-services et des maisons de repos. Le portefeuille de l’entreprise comprend 12 résidences en Flandre et 7 en Wallonie, pour une valeur immobilière d'environ 200 Mios d'euros, en ce compris les projets en cours de développement. Aldea gère 729 lits dans des centres de soins résidentiels, 315 lits dans des appartements de soins et encore 115 chambres d'hôtel (hôtel de santé à Bruges), ce qui fait du groupe Aldea l'un des plus importants acteurs non cotés sur le marché de l'immobilier de santé alors qu’il n’existe que depuis 6 ans seulement. La crise liée au coronavirus a durement touché les personnes âgées, entraînant de nombreuses réflexions sur l'avenir, notamment sur les potentiels changements à apporter au sein des établissements. Anneleen Desmyter, PDG du groupe Aldea, nous livre son analyse et sa vision de l'avenir.
La demande pour les résidences-services semble augmenter au fil des ans ? Est-ce parce que les aînés souhaitent passer à une économie de services et à plus de confort ?
Les personnes âgées d'aujourd'hui ne sont pas celles de demain. Les seniors de demain sont ceux qui ont voyagé, qui ont une approche multiculturelle et qui utilisent internet. Leurs besoins sont différents. On constate bien qu’il y a un manque sur le marché des maisons de repos et de soins. Qu’il y a du retard à rattraper. Nous constatons aussi une nette augmentation des familles monoparentales. Nos résidences services qui prodiguent des soins sont une vraie réponse à ces changements sociétaux ainsi qu’au phénomène – malheureux – de la solitude qui s’est encore accentué avec la crise du coronavirus. Au point qu’on se dit que 300 jours sans gouvernement, ce n'est plus un problème, mais qu’en revanche, 300 jours sans contact social ou sortie, c'est une tout autre affaire. Cela nous montre à quel point nous avons besoin de contacts sociaux. C'est la raison pour laquelle nous croyons encore plus qu’auparavant au logement partagé ou collectif des personnes âgées dans des centres de soins résidentiels.
Comment le groupe Aldea a-t-il vu le jour ? Le développement s'est-il fait à la vitesse de l'éclair ?
Aldea est un promoteur et investisseur immobilier créé en 2015 pour le secteur de la Santé en Flandre. Il s’agissait de créer de nouvelles places d’accueil afin de rencontrer l’objectif du gouvernement régional, à savoir faire face à la vague croissante de vieillissement. Depuis 2019, nous nous sommes lancés aussi en Wallonie où nous avons procédé à des acquisitions de maisons de soins résidentiels de taille plus modeste, souvent familiales et dotées d'infrastructures
nécessitant de la rénovation. Aldea poursuit l'ambition de remplacer ces infrastructures par des logements plus modernes tout en agissant aussi sur l’augmentation de la qualité des soins dispensés. Lancer des projets de pareille envergure n'est pas chose facile, mais nous avons montré que nous pouvions le faire. Nous avons ainsi gagné la confiance de plusieurs investisseurs traditionnels, familiaux, mais aussi institutionnels – comme WALLONIE SANTÉ et Cofinimmo – qui souhaitent également contribuer à une société meilleure.
Comment avez-vous fait face, avec le Groupe, à la crise de la Covid ? Comment avez-vous réagi ?
C'était un sacré défi pour tout le monde. Nous avons bien abordé la 1ère vague alors que c’est celle qui exigeait le plus de flexibilité puisque nous n’y étions pas préparés. Personne n’a vraiment tout compris, il y avait beaucoup d’inconnues dans l’équation. De ce fait, bien que la 2e vague ait été plus forte, nos employés étaient en mesure de mieux évaluer la situation et ils étaient aussi plus à l'aise avec la manière d’agir. Dans des situations, il faut garder la tête froide et, plus encore, tirer les leçons pour l'avenir.
Le secteur de l’accueil pour aînés a été durement touché et il a été de surcroît pointé du doigt ? N’est-ce pas un peu facile de tirer sur l'ambulance ? Le secteur devra certainement s'adapter, y compris Aldea. La Covid-19 a tout changé. À l’image de n’importe quelle crise, pandémie ou guerre, elle nous a confrontés à la réalité et a mis en évidence des problèmes qui doivent être traités sans délai. Mais regardons aussi le bon côté des choses : la crise a permis d’accélérer des innovations qui auraient probablement nécessité 10 ans et qui sont aujourd’hui mises en œuvre en 2 ans.
Pensez-vous que cette crise aura un effet durable sur la vision que les gens avaient de la gestion des personnes âgées ? Quelles évolutions suggérez-vous ? (Zones, parties communes, etc.)
Lorsque la crise a éclaté, je venais tout juste de prendre les rênes d’Aldea. À l'époque, nous avions rédigé un plan stratégique qui traçait une nouvelle route et de nouveaux objectifs qui touchaient au concept même de notre approche. Quelle que soit la taille du complexe, nous prévoyons toujours un espace de vie distinct pour chaque tranche de 25 résidents, ce qui leur permet de vivre en petits groupes. La pandémie nous a prouvé que c'était la bonne stratégie à adopter pour l’avenir. Nous estimons par ailleurs que la création d’un sentiment chaleureux et d’appartenance est essentielle dans ce genre de structure. Chez Aldea, notre objectif est en effet d’offrir aux aînés un lieu attrayant, agréable et fonctionnel où ils peuvent vivre pleinement leur vie. Cette ambiance possède des prolongements positifs, notamment pour le personnel qui ne perçoit pas nos résidences comme un simple lieu de travail, mais comme un endroit agréable, motivant et qui encourage l'épanouissement.
Aujourd'hui, l’approche globale prône la mixité et la diversité. S'agit-il également d'un concept qui pourrait être envisagé pour les seniors ?
Il y a une réalité : la proximité de la famille prévaut souvent dans le choix posé pour le centre de soins résidentiels. C’est valable tant en ville que pour les centres situés dans les campagnes. L'accessibilité du site pour les résidents est également cruciale. C’est avec ces données et cette réalité que nous réalisons nos projets : nous cherchons à ce qu’ils soient les
plus inclusifs possibles. Courant 2021, Aldea lancera la construction du centre de soins résidentiels L'Heureux Séjour à Sprimont. La première aile sera ouverte au printemps 2023 afin d’accueillir 200 résidents. Dans ce centre, un campus de santé proposera des logements de différentes catégories de taille et de prix pour des personnes seules ou des couples. Et chacun pourra profiter d'un large éventail d'installations. Et quand je dis large, c’est vraiment très large : en coopération avec le CPAS, une salle sera mise à la disposition au profit des personnes handicapées et il y aura aussi un centre de services dans lequel il sera possible d’organiser plusieurs activités. Il y aura aussi une salle de fitness avec un physiothérapeute à disposition, mais aussi des cours collectifs de gymnastique. Il y aura aussi des boutiques utilisables par les résidents et leur famille. À côté des commerces, notre souhait est aussi d’attirer des médecins et des auxiliaires médicaux sur ce campus. En clair, notre objectif est de créer un écosystème mêlant caractère inclusif et diversité, mais aussi commodités et plaisirs de la vie, tout simplement.
Quels sont les projets d'Aldea ? L'intention est-elle toujours de se concentrer sur les personnes âgées ? Ou d'autres catégories de personnes pourraient-elles également bénéficier du principe des résidences-services ?
Depuis le début, nous nous sommes concentrés sur les structures d’accueil pour les aînés. Il apparaît cependant qu’il existe encore un besoin de logements modernes et de solutions d’accompagnement pour les personnes dépendantes, quel que soit leur âge. Nous sommes convaincus que ces groupes de personnes peuvent se renforcer mutuellement. Nous voulons nous concentrer davantage encore sur des projets inclusifs et nous croyons, par exemple, à une combinaison gagnante entre des personnes souffrant d'un handicap léger ou qui nécessitent des soins généraux et des personnes âgées au sein d'une même résidence. Nous avons déjà notre petite idée...