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Les interventions de WALLONIE SANTÉ possèdent également une mission de soutien à l’emploi wallon. Exemple dans le secteur du handicap avec « Cigaline » qui accueille majoritairement des personnes handicapées françaises.
Plus de 8.000 personnes handicapées françaises sont hébergées dans des institutions et des centres en Région wallonne. Cela vient de ce que la qualité de l’encadrement et des soins prodigués est meilleure en Belgique. D’où ce choix pour de nombreuses familles françaises. Il existe donc des accords transfrontaliers de même qu’une reconnaissance de l’AVIQ. Cette situation est évidemment importante pour la Wallonie, car elle permet de créer de l’emploi (l’encadrement, sur base de l’arrêté de loi du 13/07/2009, doit répondre à la norme de 0,75 temps plein éducateur par bénéficiaire). Cigaline est l’une de ces structures : elle exploite 3 centres d'accueil et d'hébergement pour personnes adultes handicapées mentales qui accueillent jusqu’à 45 résidents français (autorisation pour 48) dans la région de Mons. Elle a été rachetée par Monsieur Julien Castagna en 2019. Pour soutenir le développement et en même temps les emplois de Cigaline, WALLONIE SANTÉ a accompagné le processus de rachat auprès des organismes prêteurs par le biais d’un prêt subordonné qui offre des garanties aux établissements bancaires. Le gérant de Cigaline, Julien Castagna, revient sur cette construction.
Vous avez racheté la Résidence Cigaline. Quelle est votre stratégie ?
À titre personnel, je travaille dans ce secteur depuis l'âge de 17 ans où j’ai commencé comme bénévole. J'y ai donc passé plus de la moitié de ma vie. J'ai rapidement pris conscience que l'occupation pure et simple des personnes souffrant de handicap n'était pas suffisante. De mon point de vue, le métier d'éducateur n'était pas bien connu des éducateurs eux-mêmes. En effet, pour le handicap adulte, peut-on parler d'éducation alors que l'on s'occupe d'adultes avant tout ? Le rôle de l'éducateur n'est pas pour moi d'éduquer. Il est d'accompagner au quotidien les personnes en difficulté afin de leur donner les « outils » pour un mieux-être. Ceci passe avant tout par la reconnaissance de la personne handicapée adulte comme une personne adulte à part entière, tout simplement avec sa propre identité, ses propres valeurs, sa culture. Avec la capacité de faire ses propres choix, aussi petits soient-ils malgré le cadre qui leur est imposé pour leur sécurité et la vie en collectivité. Notre stratégie est basée sur le développement qualitatif et dynamique de la prise en charge. Celle-ci doit mener à élever le niveau d'autonomie des personnes un maximum. Ce qui conduit à l’existence d’un circuit interne qui autorisera le passage d'un service à l'autre en fonction de l'âge, des besoins, de la pathologie avec pour projet de pouvoir intégrer des petits studios autonomes dans les cinq ans. Si cet objectif est atteint, il sera possible d’envisager un retour en famille, toujours sur ce mode de semi autonomie. Cette stratégie assurera également une pérennité aux résidences Cigaline de par la reconnaissance du travail et l’évolution effective des adultes concernés.
Quels sont les avantages de détenir ou de rassembler plusieurs institutions du même type ?
Un des avantages primordiaux est de pouvoir homogénéiser la prise en charge au maximum dans chacune des structures. Il faut aussi citer l'avantage de rester sur des tailles de structures humaines. En effet, les services sont répartis sur trois bâtiments distincts de deux fois 13 personnes et un dernier de 19 personnes. Le nombre de 48 places n'est donc pas atteint. Ça découle à nouveau d’un choix qualitatif, en lien avec la stratégie de prise en charge pour un plus grand confort de vie de nos bénéficiaire.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la présence française en Wallonie dans le secteur du handicap ? C’est une activité économique importante ?
C'est une activité économique essentielle, surtout en termes d'emplois ! En effet, le minimum des normes de prise en charge au niveau des ressources humaines, qui est imposé par l’AVIQ est de 0,75 équivalent temps plein pour 1 bénéficiaire. Une structure comme Cigaline emploie donc au minimum 34 équivalents temps plein. Vous ajoutez évidemment à ceci les infirmiers indépendants, médecins, kinésithérapeutes, orthophonistes, etc. Les structures qui assurent des activités sportives ou de loisirs aux alentours sont aussi bien sollicitées. Il y a actuellement plusieurs milliers de personnes de nationalité française qui résident dans notre pays, nous pouvons vite imaginer que cette forme d’accord entre la France et la Wallonie est importante pour notre région.
Si vous aviez un souhait pour le secteur du handicap, quel serait-il ?
Ce serait de réussir à changer les mentalités, mais sans doute pas comme on pourrait le penser. Pour changer les mentalités et le regard qu’on porte sur le handicap, il faut changer préalablement la mentalité du métier, c’est-à-dire avant tout chez les acteurs de terrain et les futurs éducateurs. Trop peu de travailleurs sociaux saisissent réellement ce que l'on peut offrir aux personnes souffrant de handicap en termes d’outils pour une vie meilleure. Avant de se mettre en quête de reconnaissance pour toutes ces personnes, ne devrions-nous pas commencer à faire connaissance avec elles et à ne pas les réduire à une fonction essentiellement « occupationnelle » ?
Institution : Cigaline
Secteur : commercial
Type d’institution : handicap, APC/SAFAE
Année de lancement des activités : 2008, reprise en avril 2019
Localisation : Rue de l'Hôpital 3 à 6567 Merbes-le-Château
Nombre de lits : 48
CA 2019 : N.C.
Nombre d’employés : 45
Site web : http://www.cigaline.be
