Interview - Anneleen Desmyter (Aldea Group) : quel regard sur la crise ?
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Comment les acteurs du secteur des Soins et de l’Action sociale ont-ils traversé la crise ? Anneleen Desmyter, CEO d’Aldea Group et partenaire de WALLONIE SANTÉ, livre sa vision de la crise.
Comment les acteurs du secteur des Soins et de l’Action sociale ont-ils traversé la crise ? Anneleen Desmyter, CEO d’Aldea Group et partenaire de WALLONIE SANTÉ, livre sa vision de la crise et les perspectives qu’il faudra embrasser à l’avenir dans le secteur des maisons de repos et les structures d’accueil pour les seniors.
*traduction, propos recueillis par Rani Cromphout
Quel regard portez-vous sur l'année dernière ?
Je pense que cette année a été très difficile pour de nombreuses entreprises et employés. Elle exigeait beaucoup de flexibilité, notamment dans le secteur des soins de santé. En tant que société immobilière spécialisée dans les soins de santé, nous étions au milieu de la tempête, mais nous avons vu une le dévouement incroyable de nos employés. Pour les remercier de tout ce qu'ils ont fait, nous avons également participé à la semaine de la Semaine du volontariat. Nous avons ensuite passé une journée avec l'équipe de direction dans deux de nos centres de soins résidentiels.
Avez-vous ressenti fortement le COVID-19 ? Comment l'avez-vous géré en tant qu'entreprise ?
On a bien traversé la première vague. Cependant, c'est celle qui a nécessité la plus grande flexibilité parce que nous n'étions manifestement pas encore préparés. Il y avait encore beaucoup d’incompréhension. Vous l’avez constaté lors la deuxième vague : même si elle était beaucoup plus forte, les personnes ont été plus à même d'évaluer la situation tandis qu’ils étaient aussi plus à l'aise avec la manière de faire, d’aborder la situation. Bien sûr, nous avons également eu de nombreux absents parmi notre personnel.
Ce n'était pas un problème au siège administratif, car nous pouvions facilement travailler à domicile, mais dans les centres de soins résidentiels où tout doit fonctionner 24 heures sur 24. Nous avons dès lors travaillé avec du personnel temporaire et des stagiaires qui ont donné un sacré coup de main tous azimuts.
Y a-t-il des choses que vous organiseriez différemment à l'avenir en vue d'une pandémie comme celle-ci ?
Tout d'abord, espérons que cela ne se reproduira jamais. Mais oui, c’est clair, nous avons mis de nouveaux protocoles en place. Cette situation a mis en lumière un certain nombre de problèmes dans tous les secteurs et de ce fait, un certain nombre de choses qui doivent changer, y compris dans notre secteur. Dans chaque crise, un certain nombre de choses est mis en lumière et nécessite un ajustement. Ce n'est pas une mauvaise chose parce que la situation accélère les innovations qui auraient probablement pris 10 ans à s’imposer. À présent, elles sont mises en œuvre dans un délai de 2 ans.
Dans le secteur des soins de santé, il s'agit principalement de modifier la législation. J'avais précédemment déjà demandé au gouvernement de cesser de réduire les dépenses de santé. Par exemple, le métier de professionnel de la santé est trop spécifiquement délimité. Or, pendant la pandémie, nous étions clairement en pénurie. Il ne serait sans doute certainement pas malvenu de pouvoir élargir l’éventail des tâches des professionnels de la santé afin de pallier à ces manquements que nous avons connus.
Les vaccinations sont en cours. Comment ça se passe pour vous ?
Toutes nos résidences ont accueilli la vaccination, y compris pour la 2e dose. Tout s'est très bien passé. Au total, ce sont plus de 97 % de nos employés et des résidents ont été vaccinés. Dans nos structures au sud du pays, la vaccination a été moins bien accueillie par le personnel soignant, mais nous avons procédé à une campagne de sensibilisation qui a très bien fonctionné. De ce fait, nous avons aussi pu arriver à un très haut taux de protection.
Comment voyez-vous l'avenir d'Aldea ? Y a-t-il eu des changements dans l'ordre du jour ?
J’avais tout juste démarré en tant que CEO d'Aldea quand la crise du coronavirus a éclaté. Nous avions un plan stratégique en place à l'époque par lequel nous souhaitions aboutir avec davantage d’inclusion dans nos structures, comme avec l’inclusion de personnes souffrant d’un handicap léger aux côtés de seniors. Nous avions aussi l’objectif de renforcer le sentiment de plaisir et d'appartenance au sein de nos résidences de soins.
La pandémie nous a clairement montré que cette stratégie imagine avant était la bonne. Il va de soi que la pandémie nous a fait prendre du retard sur ces aspects. Cela dit, cela n’a pas freiné notre enthousiasme ni celui de notre personnel.
Y a-t-il des choses que vous souhaitez aborder différemment à l'avenir après la crise ?
Des situations comme 300 jours sans gouvernement n’empêchent personne de dormir. En revanche, 300 jours sans contact sociaux, sans liberté de se déplacer, c’est une vraie problématique. La crise nous a fait prendre conscience de ô combien nous avons besoin de contacts sociaux, y compris avec les personnes âgées résidant dans les centres résidentiels. C'est pourquoi nous croyons encore plus aujourd'hui à la prise en charge collective des personnes âgées dans des centres de soins résidentiels ou des résidences-services. Cela se traduit par des efforts supplémentaires à déployer pour le bien-être psychologique de nos résidents, par exemple en faisant appel à des psychologues. Nous souhaitons également que l'image que les gens se font aujourd’hui des centres d’accueil pour seniors change. Les médias ont certainement trop insisté sur le fait que les résidents ne pouvaient pas voir leurs familles, mais n’oublions pas que les personnes âgées qui vivent encore à domicile l’ont été tout autant. Certaines personnes ont des craintes de laisser leurs parents aller dans un centre d’accueil, mais cela ne restitue pas la réalité, car je pense que notre personnel a nettement soutenu nos résidents tout au long de cette période difficile. Et j’en profite pour dire merci à notre personnel qui, malgré les difficultés, a fait preuve d’une résilience et d’un enthousiasme hors pair.
Une année de mesures corona, qu'est-ce que ça vous fait personnellement ?
C’est difficile à évaluer. D'un côté, j'ai apprécié le temps supplémentaire passé avec ma famille, mais nous avons besoin de davantage de contacts sociaux. J’espère pouvoir me rendre rapidement sur le lieu de travail officiel et de pouvoir retrouver tout le monde.
Quel conseil pourriez-vous donner en regardant cette dernière année ?
De continuer à faire des choses qui donnent de l’énergie. De se concentrer sur les choses qui comptent vraiment pour vous et, évidemment, sans verser dans l’égoïsme ni mettre en péril votre éthique de travail. Je retire beaucoup d’énergie de mon travail. Et ça me porte.