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La transition énergétique reste l’un des enjeux majeurs du monde de la Santé. Gros consommateurs d’énergie, les hôpitaux accélèrent le mouvement et notamment en province de Namur où le CHRSM est la toute première structure à réaliser des travaux économiseurs de grande ampleur.
Se protéger durablement contre l’énergie chère, limiter empreinte écologique et réchauffement climatique ainsi qu’accroître le confort offert aux patients et/ou résidents : voilà autant de paramètres qui nécessitent d’accélérer la transition vers les énergies vertes. Le secteur des soins de santé est en première ligne dans ce besoin d’évolution, car les institutions sont des acteurs socio-économiques majeurs en termes d’emplois, de coûts, de dépenses et de consommation d’énergie.
Les chiffres le prouvent : la consommation par lit en électricité n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Celle-ci est estimée à environ 30% pour les structures hospitalières et à 18% pour les MR ou MRS, ce qui n’est franchement pas négligeable. Ceci est essentiellement dû à l’accroissement des techniques de pointe pour les soins, plus énergivores, et qui se font donc au bénéfice des patients, mais au détriment de la charge énergétique. Dans ce contexte, il est urgent d’agir, car la rentabilité – et l’avenir – des établissements de soins passe désormais par la maîtrise des coûts relatifs à l’énergie. Un contexte que certaines structures ont parfaitement intégré. C’est le cas du CHR Sambre & Meuse (CHRSM, 749 lits agréés sur deux sites) qui a prévu la réalisation de gros travaux économiseurs d’énergie dans cadre d’un Contrat de Performance énergétique (ou CPE qui inclut l’audit énergétique, la réalisation des travaux et la maintenance des équipements pendant 10 ans) concrétisé par RenoWatt et financé par WALLONIE SANTÉ pour la partie production d’énergie. À terme, le CPE devrait permettre au CHRSM de réduire sa consommation énergétique de 15,5% par an. Gilles Mouyard, Président du CHRSM, nous en dit plus.
Le CHRSM doit s’inscrire dans un nouveau et unique réseau hospitalier régional en Namurois aux côtés du CHU UCL Namur et la Clinique Saint-Luc à Bouge. Dans quelle dynamique œuvrez-vous ?
Le Réseau Hospitalier Namurois (RHN) existe depuis 2020, donc plus de deux ans. Il a cet avantage de couvrir toute la Province de Namur et regroupe donc les trois institutions hospitalières namuroises, ce qui fait 6 sites hospitaliers étendus sur la Province de Namur. Nos institutions basent leur union sur le constat qu’elles travaillent dans un bassin de soins commun et cohérent, qu’elles se connaissent bien, que leurs valeurs et missions respectives sont compatibles et qu’il existe entre elles de très nombreuses relations cliniques et autres interactions.
En 2021, nous avons pu engager un coordinateur du RHN qui est externe aux institutions, engagé par l’asbl RHN et qui a pour mission de faire avancer les projets, en collaboration avec les instances. Notre objectif, à terme, est que les patients puissent bénéficier d’une prise en charge qui leur garantisse de pouvoir bénéficier de l’ensemble des services offerts par les hôpitaux du Réseau, selon leurs besoins. Cela suppose la mise en place de collaborations dans des domaines pointus où le patient pourrait être aiguillé vers l’hôpital où le service dont il a besoin. Le but est donc à la fois d’améliorer encore la proximité avec le patient et de créer des centres d’excellence. Au-delà de ça, en mutualisant les compétences, l’idée est aussi de faire des économies d’échelle afin de dégager des marges pour mieux les réinvestir et améliorer encore l’offre de soins.
Quand on pense hôpital, on pense souvent aux besoins en termes de personnel ou de machines de diagnostic ou de soins. Or, l’énergie représente un poste franchement important dans pareille structure. Dans quelles proportions ?
Avant les travaux de rénovation, notre consommation moyenne d’électricité était de 7.207 MWh/an ou 920.000 €/an, ce qui correspond à la consommation de 2.000 de foyers de 4 personnes. En gaz, en ce compris pour la chaufferie et la cogénération, nous étions à 19.997 MWh ou 750.000 €, soit l’équivalent de 1.333 foyers de 4 personnes. Notre objectif, à comparer aux résultats mesurés, est de réduire la consommation d’électricité de 20% (- 1.503 MWh/an) et celle de gaz de 10% ( -2.143 MWh/an). En CO2, cela correspond à une économie de 1.068 tonnes/an, soit les émissions annuelles de 400 véhicules roulant au Diesel.
Le besoin de transition énergétique s’accélère avec les récents événements (pandémie, augmentation des prix de l’énergie, etc.). Quelle est votre posture sur cet aspect ?
Notre réflexion a commencé bien avant les récents événements. Un hôpital tourne 24h/24, 7 jours sur 7. Nous sommes donc de grands consommateurs d’énergie. C’est pourquoi nous sommes en constante réflexion pour trouver des stratégies pour réduire nos consommations. Aussi parce qu’en tant que Service public, nous nous devons de réduire au maximum nos dépenses et notre impact sur l’environnement. C’est pourquoi nous avons signé un CPE en 2020, Contrat de Performance Énergétique qui nous garantissait des économies significatives. Dans le même ordre d’idées, cette réflexion est intégrée à tous nos travaux de rénovation ! Nous réfléchissons toujours aux moyens pour réduire les dépenses énergétiques : choix des matériaux, orientation des bâtiments, isolation, etc.
Vous avez effectué de gros travaux économiseurs d’énergie. Pouvez-vous nous détailler les évolutions ?
Le contrat de performance énergétique (CPE) porte pleinement ses fruits. Les aménagements techniques ont consisté en la conversion des points d’éclairage en éclairage LED, mais aussi sur la chaufferie tant pour la production que la distribution d’eau de chauffage, l’amélioration de la qualité de l’eau sanitaire, la modernisation de la ventilation et de la régulation des salles d’opération ainsi que la production de froid. L’hôpital a été aussi équipé de panneaux photovoltaïques à la fois sur les toitures, mais aussi sur les façades, ce qui est moins habituel, mais très efficient. Bientôt, une installation solaire équipera aussi le futur parking en rénovation. Enfin, nous avons mis en place un programme de sensibilisation à destination du personnel pour informer du projet, mais aussi pour expliquer les bons gestes à adopter pour l’avenir.
C’est un panel très large de solutions. Pour vous, existe-t-il une complémentarité dans ces différents travaux avec, à la clé, un résultat plus satisfaisant que si vous aviez opté pour une seule production d’énergie verte ?
En effet, le contrat de performance énergétique proposé par l’ESCO (Société de service énergétique) a étalé un éventail de solutions et a permis de travailler sur plusieurs technologies (hors travaux d’isolation d’enveloppe) tant pour la production d’énergie verte que pour la distribution, la régulation ou l’optimisation des équipements techniques. Enfin, le monitoring énergétique nous a permis de disposer de résultats instantanés, mais aussi de prendre position sur les futurs investissements à concéder dans cette thématique. C’est donc un concept très intéressant, car on dispose d’une vue globale et, au final, cela permet de faire des choix pour le long terme, mais avec des résultats immédiats sur le court terme. C’est donc un partenariat solide et sécurisant grâce à son système de Bonus/Malus.
Vous avez contacté WALLONIE SANTÉ pour le financement. Comment ce fonds public a-t-il pu vous soutenir ? C’est une expérience positive pour vous ?
Nous avons pris contact avec WALLONIE SANTÉ dans le cadre des prêts « Green Health » proposés au secteur pour financer des investissements « verts ». Leurs services ont été très proactifs, ils ont fourni une réponse souple, adaptée à nos besoins en termes de financement (prêt de 1,8 M€ dont 1 M€ déjà libéré ce jour) à un taux d'intérêt tout à fait compétitif et sur notoriété. C'est une expérience positive !
Fiche technique
Institution : CHRSM
Secteur : Public
Type : Hôpital
Nombre de lits : 749
Année de lancement des activités : entité fusionnée en 2012
Localisation : Av. Albert Ier 185 à 5000 Namur & Rue Chère-Voie, 75 à 5060 Sambreville
Site web : https://www.chrsm.be/
